« Les “bulles” donnent une fausse impression de sécurité aux parents, puisque les élèves seront en contact avec plusieurs autres enfants, tant dans les autobus scolaires que dans les services de garde », Stéphanie Gratton.
La Fédération des employées et des employés de services publics (FEESP–CSN) et son secteur scolaire n’ont pas été rassurés par la rencontre demandée aujourd’hui avec le ministère de l’Éducation sur l’application des mesures limitant la propagation de la COVID-19 dans les services de garde en milieu scolaire.
La Fédération estime que le concept de « bulles », où les élèves seront maintenus dans les classes, ne tiendra pas la route lorsque ceux-ci devront se rendre aux services de garde le matin, le midi et en fin de journée. Les groupes seront mélangés et les ratios éducatrices-enfants ne pourront pas toujours être respectés. Selon une vaste enquête de la CSN menée au printemps 2020, 41 % des éducatrices en services de garde constataient déjà un dépassement des ratios prévus au moins une fois par semaine. L’enquête portait sur la période d’avant la pandémie et les retraits préventifs d’éducatrice n’amélioreront certainement pas la situation cet automne. Même le président de la Fédération québécoise des directions d’établissement (FQDE), Nicolas Prévost, a déclaré récemment à La Presse que la pénurie de personnel « la plus dramatique » se retrouve chez les éducatrices en services de garde.
« Les “bulles” donnent une fausse impression de sécurité aux parents, puisque les élèves seront en contact avec plusieurs autres enfants, tant dans les autobus scolaires que dans les services de garde. Les conditions ne sont pas optimales pour y maintenir des groupes stables toute la journée », indique Stéphanie Gratton, vice-présidente de la Fédération des employées et des employés de services publics (FEESP–CSN).
« Il est temps qu’on cesse d’oublier les services de garde scolaire. Notre personnel est inquiet et se pose encore de nombreuses questions en raison du manque de directives claires sur le fonctionnement qui doit être mis en place pour la rentrée », mentionne Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP-CSN.
1 milliard pour les écoles
Les services de garde en milieu scolaire doivent très souvent se contenter de locaux ou de corridors trop petits par manque d’espace dans des écoles surchargées, notamment à Montréal. Le croisement et la proximité avec les autres élèves seront difficiles à éviter. « Nous souhaitons vraiment que des sommes soient prévues pour des locaux de services de garde dans le milliard de dollars annoncé aujourd’hui par le ministre Jean-François Roberge pour les écoles », souhaite d’ailleurs Annie Charland.
Personnel d’entretien ménager débordé
Le ministère espère que les concierges travaillant dans les écoles pourront effectuer la désinfection requise contre la pandémie. Cependant, ils sont déjà débordés et ne peuvent pas être toujours présents à l’ouverture et à la fermeture des services de garde. Quand la cloche sonnera à la fin de la journée d’école, il sera très difficile de désinfecter toutes les classes qui serviront aux services de garde. Or, les groupes des services de garde ne seront pas les mêmes que les « bulles » des classes des enseignant-es. « Pour toutes ces raisons, si un cas de COVID-19 se déclare dans une école, le nombre de contacts possibles sera élevé et il sera parfois difficile de tous les retracer », estime Annie Charland.